298
Ah ça, ils n’ont pas dû souffrir. En regardant la photo de la carcasse
calcinée de la Jeep, je repense aux explications données par l’armée
israélienne :
« Ce n’était pas des journalistes légitimes. »
Personne ne s’arrête sur cette déclaration ? Ces deux jeunes hommes
travaillaient pour une télévision proche du Hamas, certes. Mais si le
monde s’offusque par exemple de
qui était lui aussi un journaliste militant, pourquoi n’assiste-t-on pas aux
mêmes cris de protestation à propos de ce qui s’est passé ici ? Quelle est
la ligne rouge ? Quelle est la prochaine étape ? Ecrire et parler à haute
voix peut-il causer ma mort si j’ai le malheur de déplaire à l’Etat
d’Israël ?
La majorité des télévisions étrangères présentes pendant ce conflit ont eu
besoin de services techniques et humains sur place. Les sociétés de
production à Gaza sont composées d’équipes palestiniennes. Je peux
témoigner de leur professionnalisme dans les heures les plus sombres.
Ces producteurs, journalistes reconvertis en
(intermédiaires)
pour l’occasion, cameramen, preneurs de son, monteurs, ne méritent-ils
pas le même respect que nous autres, journalistes occidentaux ? S’ils
travaillent à Gaza, c’est parce qu’ils y vivent, de gré ou de force. Les
morts qu’ils filment, ce sont les leurs. Cela leur retire-t-il le droit de faire
leur métier ?
Mon travail n’a pas plu à tout le monde
Mon travail n’a pas plu à tout le monde. Mes détracteurs me demandent
de donner de « vraies informations » sur Gaza. Mais qu’est-ce que ça
veut dire de « vraies informations » ? Je n’ai pas menti, je n’ai pas
inventé. Si la description de la vie à Gaza est si accablante pour Israël,