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Rana me raconte sa vie pendant deux bonnes heures. Les livres de Noam
Chomsky et d’Ilan Pape rapportés avec elle de voyage parce
qu’introuvables à Gaza :
« Les livres, ce n’est pas vraiment prioritaire quand on doit déjà utiliser
des tunnels souterrains pour faire passer des matériaux de construction et
des médicaments. »
Rana ne déteste pas les Israéliens
Elle parle des Israéliens. M’affirme qu’elle ne les déteste pas. Qu’elle fait
la différence entre le gouvernement et ceux qui le suivent d’une part, et
ceux qui sont conscients des droits bafoués des Palestiniens d’autre part.
Elle rêve d’un Etat unique avec Jérusalem pour capitale.
Antara, le rappeur, en rêve aussi.
« Mais ça restera un rêve. Imaginer vivre ensemble n’est plus possible. Il
y aurait forcement une vengeance. »
Aucun des deux n’est religieux pratiquant. Ils n’étaient pas vraiment fans
du Hamas. Antara s’est même fait arrêter plusieurs fois pour avoir
composé des morceaux critiques à leur égard.
Mais après cette guerre, ils n’ont qu’un mot à la bouche : respect. Antara
pense que jamais un gouvernement ne les a aussi bien défendus jusqu’à
maintenant. Pareil pour Rana. Soutient inconditionnel à la résistance.
Sa version du déroulement du conflit
Elle est furieuse contre les médias « mainstream » comme elle dit. Elle
n’aime pas le terme « médias occidentaux », elle trouve ça réducteur.
« Plusieurs médias arabes sont sur cette ligne aussi. » Elle insiste sur le
vrai déroulement des évènements de ce conflit :
« Tous les médias disent que la guerre a commencé avec l’assassinat
d’Ahmed al-Jaabari, un des chefs du Hamas, le 14 novembre.