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Un des immeuble touchés, où se trouvait notamment la société de
production avec laquelle moi et de nombreux autres journalistes français
ont travaillé (Caroline Bourgeret)
C’est cette nuit-là que la rue de notre hôtel a été bombardée. Après les
multiples missiles ayant touché des bureaux de presse, la quasi-totalité
des journalistes présents s’était rassemblée dans deux hôtels qui longent
la mer, près du port. L’obus est tombé en face, juste entre les deux, à une
quinzaine de mètres.
Toutes les vitres de l’hôtel ont explosé et ce soir encore je m’endors près
d’une fenêtre en cellophane. Il est de notoriété publique que la précision
des raids israéliens est infaillible.
Cette fois-ci, ils avaient donc décidé de frapper un terrain vague près
duquel j’avais fait un direct quelques heures auparavant. Inutile de dire
qu’aucun rassemblement de combattants du Hamas n’avait lieu à cet
endroit quand la bombe est tombée en nous faisant tous frôler l’arrêt
cardiaque.
« Pas des journalistes légitimes »
Le lendemain, au détour d’une rue, je suis tombée sur ce qui restait de la
voiture des deux journalistes palestiniens de la télévision Al-Aqsa. Ils
sont trois à avoir été visés dans deux différents raids.
Hussam Mohammed Salama, 30 ans. Mahmoud Ali al-Koumi, 29 ans.
Deux cameramen qui se rendaient vers l’hôpital de Gaza pour filmer
l’arrivée de blessés après un bombardement israélien. Etait-ce cela leur
crime ?
Mohammed Mousa Abu Eisha, 24 ans, visé une heure plus tard, mort lui
aussi.